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vendredi 5 juillet 2019

Réformes, ministère, enseignants et Laborit - de l'art d'être un rat

En cette fin d'année, An 01|b* de la réforme, j'ai parfois l'impression d'être un rat ;) en situation n°3...


Lien Youtube pour illustrer le droit d'auteur;)

*01|b car je suis en passe de devenir aussi binaire;)

Script de la séquence du film ;)))

Henri Laborit dans Mon oncle d'Amérique d'Alain Renais:


"On prend un rat et on le met dans une cage à deux compartiments, c'est-à-dire, dont l’espace est séparé par une cloison dans laquelle se trouve une porte. Le plancher est électrifié intermittemment. Avant que le courant électrique passe dans le grillage du plancher, un signal prévient l’animal qui se trouve dans la cage que, quatre secondes après, le courant va passer.

Mais il ne sait pas au départ. Il s’en aperçoit vite. Au début, il est inquiet et très rapidement il s’aperçoit qu’il y a une porte ouverte et il passe dans la pièce d’à côté. La même chose va se reproduire quelques secondes après. Mais il apprendra aussi très vite qu’il peut éviter la «punition» du petit choc électrique dans les pattes en passant dans le compartiment de la cage où il était au début. Cet animal, qui subit cette expérience pendant une dizaine de minutes par jours pendant sept jours consécutifs, au bout de ces sept jours, va être en parfait état, en parfaite santé : son poil est lisse, il ne fait pas d’hypertension artérielle ; il
a évité, par la fuite, la «punition» ; il s’est fait plaisir ; il a maintenu son équilibre biologique.

Mais ce qui est facile pour un rat en cage est beaucoup plus difficile pour un homme en société. En particulier, certains besoins ont été créés par cette vie en société et cela depuis son enfance. Et il est rare qu’il puisse, pour assouvir ses besoins, aboutir à la lutte lorsque la fuite n’est pas efficace.

Dans cette seconde situation, la porte de communication entre les deux compartiments est fermée. Le rat ne peut pas fuir. Il va donc être soumis à la punition à laquelle il ne peut pas échapper. Cette punition va provoquer chez lui un comportement d’inhibition. Il apprend que toute action est inefficace, qu’il ne peut ni fuir ni lutter. Il s’inhibe. Et cette inhibition qui s’accompagne chez l’homme de ce que l’on appelle l’angoisse, s’accompagne aussi dans son organisme de perturbations biologiques extrêmement profondes. Si bien que si un microbe passe dans les environs, s'il en porte même sur lui-même, alors que normalement, il aurait pu les faire disparaître, là, ne le pouvant pas, il fera une infection. S’il a une cellule cancéreuse qu’il aurait détruite, il va faire une évolution cancéreuse. Et puis ces troubles biologiques aboutissent à tout ce qu’on appelle les maladies de «civilisation» ou psychosomatiques. Les ulcères de l’estomac, les hypertensions artérielles, ils aboutissent à l’insomnie, à la fatigue, au mal-être.

Dans cette troisième situation, le rat ne peut pas fuir. Il va donc recevoir toutes les «punitions» mais il sera en face d’un autre rat qui lui servira d ’adversaire. Et, dans ce cas, il va lutter. Cette lutte est absolument inefficace. Elle ne lui permet pas d’éviter la «punition». Mais il agit.

Un système nerveux ça ne sert qu’à agir. Ce rat ne fera aucun accident pathologique de ceux que nous avions rencontrés dans le cas précédent. Il va être en très bon état et pourtant, il aura subi toutes les «punitions».

Or, chez l’homme, les lois sociales interdisent généralement cette violence défensive. L’ouvrier qui voit tous les jours son chef de chantier dont la tête ne lui revient pas. Il ne peut pas lui casser la figure parce qu’on lui enverrait les agents ; il ne peut pas fuir parce qu’il serait au chômage.

Et tous les jours de la semaine, toutes les semaines du mois, tous les mois de l’année, toutes les années, quelquefois, qui se succèdent, il est en inhibition de l’action.

L’homme a plusieurs façons de lutter contre cette inhibition de l’action.

Il peut le faire par l’agressivité. L’agressivité n’est jamais gratuite. Elle est toujours en réponse à une inhibition de l’action. On débouche sur une explosion agressive qui est rarement rentable mais qui, sur le plan du fonctionnement du système nerveux, est parfaitement explicable.

Ainsi, répétons-le, cette situation dans laquelle un individu peut se trouver d’inhibition dans son action, si elle se prolonge, commande à toute la pathologie. Les perturbations biologiques qui l’accompagnent vont déchaîner aussi bien l’apparition de maladies infectieuses que tous les comportements de ce qu’on appelle les maladies mentales. Quand son agressivité ne peut plus s’exprimer sur les autres, elle peut encore s' exprimer sur lui-même de deux façons. Il somatisera. C’est-à-dire qu’il dirigera son agressivité sur son estomac ; il y fera un trou, un ulcère d' estomac. Sur son coeur et ses vaisseaux il fera une hypertension artérielle. Quelquefois même des lésions aiguës qui aboutissent aux maladies cardiaques brutales : les infarctus, les hémorragies cérébrales ; ou les urticaires ou les crises d’asthme. Il pourra aussi orienter son agressivité contre lui-même d’une façon encore plus efficace : il peut se suicider. Et quand on ne peut pas être agressif envers les autres, on peut, par le suicide, être agressif encore par rapport à soi.

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